« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien.
Mais l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »
La Haine.
Vendredi 2 Juin 2017,
Tout est allé si vite. Il faisait beau et j’avais loué un scooter pour la journée. Je venais de passer un bon moment au parc naturel de Cac Phuong et je me dirigeai vers la pagode de Bai Dinh, la plus grande d’Asie. Les paysages de la baie d’Halong terrestre sur la route sont magnifiques, ce qui en fait une balade plutôt agréable.
Le destin de mon voyage va basculer en une fraction de seconde. Je suis incapable de dire les raisons exacts de ma chute. Je me souviens de l’atterrissage par contre. D’avoir les mains couvertes de sang et la peau râpée qui brûle sous un soleil impitoyable. Je me lève tant bien que mal et coupe le moteur de mon scooter qui tourne toujours sur bas côté. Les autres voitures et motos ne s’arrêteront pas. Ma première aide viendra de ce qui semble être un bâtiment administratif de l’autre côté de la rue. Ils ont tout vu et viennent m’aider. Ils me raccompagnent ensuite à l’infirmerie du village où je vais recevoir mes premiers soins.
De la, j’appelle Oanh, la gérante de l’auberge qui envoie tout de suite son mari me chercher. Un petit passage à l’auberge puis direction l’hôpital. Outre les bandes de peau laissés sur le goudron, je ne peux pas bouger mon bras gauche qui me fait terriblement mal. L’hôpital public vietnamien est un nouveau choque. Je découvre malgré moi la réalité des services publics de ce pays. Je vois des salles de soins bondées, avec parfois plus d’une vingtaine de lits par salle, certains malades se font soigner directement dans le couloir sur leurs brancards. Je me sens chanceux de ne pas être dans l’un d’eux. Je n’arrête pas de penser que ça aurait pu être moi.
Le verdict tombe : fracture du coude, six semaines d’immobilisation.
Une personne de l’auberge m’accompagne pour m’aider avec la partie administrative. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas l’habitude de voir beaucoup de touristes dans cet hôpital, peut être que ça a aidé à accélérer ma prise en charge. Les trois infirmières qui m’escortent toutes contentes depuis que j’ai franchi la porte de l’hôpital en sont peut être aussi pour quelque chose. Je vois plusieurs médecins avant de faire une première radio. Je rentre dans ensuite dans le cabinet du radiologue qui tiens d’une main ma radio, et de l’autre son dîner du soir, puis le verdict tombe : fracture du coude, six semaines d’immobilisation. L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.
Je vois une bonne partie de mes projets s’envoler. Le stop avait commencé à porter ses fruits, et j’ai même pu continuer jusqu’à Ninh Binh. J’étais bien décidé à continuer l’aventure au moins jusqu’au Cambodge. Ça me semble compromis maintenant que je ne peux même plus porter mon sac à dos. Tous mes plans, mon itinéraire doit être revu. Les activités physiques ou aquatiques ne sont plus possibles maintenant. Mais pour l’instant je ne veux pas penser à ça. Pour l’instant il est temps de dormir. Demain je réfléchirai à la manière dont je veux vivre la suite de mon voyage. Ce qui est sûr, c’est que je veux continuer à la vivre à fond, même un bras dans le plâtre ! Parce que l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.
Un bras dans le plâtre, l'aventure continue !
juin 17, 2017 @ 9:57
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